
Décidément, l’invention par le gouvernement de l’accompagnateur Bâtiment Durable censé mener à bien la rénovation énergétique a le don d’exaspérer les architectes*. De fait, les seuls dont c’est le métier semblent en être tenus à l’écart. Un collectif d’architectes d’Occitanie a pris la plume. Lettre ouverte au Premier ministre.
Emmanuelle Wargon, ministre du Logement, a annoncé, de manière précipitée, un projet de loi sur la rénovation énergétique reprenant les conclusions du rapport Sichel*, rendu public quelques jours auparavant.
L’État semble découvrir que pour réussir des travaux de construction ou de rénovation, il faut confier l’opération à un professionnel qualifié et spécialisé. Vous le saviez déjà, tout le monde le sait. Mais pas les Pouvoirs Publics !
Le Gouvernement invente un nouvel intervenant pour « dresser des plans, proposer aux clients des artisans au meilleur rapport qualité/prix et suivre les travaux en veillant à ce que tout se passe au mieux ».
Ce métier existe déjà, depuis très longtemps …. Vous l’avez deviné : ce sont les architectes, profession réglementée, sous tutelle de l’État lui-même, comportant 30 000 professionnels répartis dans toute la France.
Puisque le gouvernement ignore ce métier, nous écrivons une LETTRE OUVERTE au Premier ministre pour lui rappeler notre existence.
Nous la proposons à la signature de tous les architectes, Ordres national et régionaux, syndicats et associations d’architectes.
Nous demandons que toute rénovation énergétique se fasse sous la maîtrise d’œuvre d’un architecte et que sa mission soit éligible aux aides dédiées.
Collectif Architectes Occitanie
21 avril 2021
La lettre ouverte au Premier ministre
Monsieur le Premier ministre,
Depuis de très nombreuses années, l’État dit vouloir favoriser les économies d’énergie dans les bâtiments, notamment par l’obligation progressive de leurs rénovations. Les résultats ont jusque-là été très décevants, pour avoir ignoré ce qu’est la maîtrise d’œuvre. Il faut changer de stratégie. C’est ce que les architectes expliquent depuis des années, sans être écoutés.
Le gouvernement semble comprendre que pour analyser un bâtiment existant, déterminer quels travaux sont pertinents dans une cohérence globale, choisir des entreprises fiables au meilleur prix, un professionnel est indispensable. Pour l’ensemble de ses missions, il existe dans la langue française un mot clair, celui de « métier ». Et le métier de celui qui conçoit et assure la bonne exécution des travaux, c’est celui d’architecte.
Nous sommes consternés de constater que le ministère du Logement ignore encore une fois l’existence des architectes, professionnels indépendants formés dans les écoles d’architecture, pour accomplir exactement ses missions indispensables de maîtrise d’œuvre, dans le cadre d’une profession réglementée et ayant prêté le serment de respecter un Code de déontologie.
Pourquoi vouloir substituer des artisans RGE eux, voire des associations, aux architectes ? Pourquoi réinventer ce qui existe déjà et fonctionne : 30 000 professionnels architectes donc c’est exactement le métier, déjà opérationnels partout en France, prêts à répondre à cette urgence.
En introduisant une prime pour des missions d’architecte, vous débloqueriez la machine et vous permettriez enfin au plus grand nombre de réussir au meilleur prix les opérations de rénovation énergétique. C’est aussi simple que cela. Compte tenu du calendrier parlementaire, nous vous saurions gré de bien vouloir nous recevoir avant l’examen par l’Assemblée des articles concernés dans le projet de loi.
Veuillez agréer, Monsieur le Premier ministre, l’expression de notre parfaite considération.
Collectif Architectes Occitanie
21 avril 2021
Les soussignés, premiers signataires …
Pour signer la lettre ouverte (paraphée au 11 mai 2021 par près de 9 000 personnes) : http://chng.it/bXsxm7Jg8Y
*Lire à ce propos également nos articles :
– L’accompagnateur BDF, l’invention du siècle (en IDF seulement)
– Olivier Sichel, le banquier qui n’a jamais entendu parler des architectes
– Rapport Sichel, les architectes absents : une erreur ?