Je me sentais bien seule, mercredi 24 janvier 2018, à la Monnaie de Paris. Invitée en tant qu’abonnée à la revue D’A, j’ai découvert les 320 agences ayant le plus gros chiffre d’affaires (CA), sous l’araignée de Louise Bourgeois. Champagne à flot, foie gras à gogo, coquilles St Jacques, j’en passe, déferlaient sur les invités. Ne me dites pas qu’ils venaient des cuisines du restaurant de Guy Savoy, installées à l’intérieur de la Monnaie ! Chronique de Martine.
D’A
Emmanuel CAILLE, son Rédac chef, pour se donner bonne conscience, s’est mis à parler de toutes les autres petites agences pauvres, «qui font vivre l’architecture au fin fond des territoires!»
Chiche, qu’il les montre, qu’il fasse un numéro spécial, avec un classement inversé des projets les plus beaux avec les agences au CA les plus bas.
La MAF était omniprésente. Ce qui est logique puisque la cotisation annuelle de la MAF est calculée sur les honoraires perçus. Que la Mutuelle fête et flatte ses plus gros contributeurs, cela se comprend. Après tout, ces gros contributeurs sont ceux-là mêmes qui pourraient chercher demain à s’assurer ailleurs… Mais, pour dépenser le trop-perçu, plutôt que des petits fours à Guy Savoy, la MAF aurait pu aussi redistribuer une somme proportionnelle à tous les mutualistes. Non?
Je me sentais bien seule encore lors du chahut impressionnant de cette foule d’architectes pleins d’assurance qui n’écoute pas le discours de Madame la Directrice de l’architecture, représentant le ministère de tutelle, j’ai nommé la Culture. Ces hommes de l’art auraient-ils préféré un représentant mâle du ministère de l’Economie? De l’industrie? Ils se seraient sentis un peu plus concernés ?
Un peu plus d’attention a été accordée à Philippe Prost, l’architecte qui a réalisé la rénovation-mutation de la Monnaie de Paris, l’ouvrant au public, au 11 quai Conti. Dans l’exposition temporaire ‘Women house, la maison selon elles’,* décapante, une fresque fait remonter à 1890 la première femme diplômée en architecture.
Voyons s’il y en a une dans la liste des 300 cadors?
Heureusement, pour sauver ma soirée, j’ai eu le plaisir de suivre une visite guidée du musée et du site : voir la passerelle derrière un plan vitré, protégée du soleil par un voile élégant de métal tissé, découvrir la salle qui raconte la mue du site, chercher des détails dans les carnets de croquis de Philippe Prost, étudier la maquette écorchée des adjonctions contemporaines, toucher les matériaux utilisés présentés sur une paroi verticale…
De cette soirée, gardons intacte l’émotion architecturale de la visite. D’ailleurs AAPP, sauf erreur de ma part, n’est pas dans la liste des 300.
Martine