Le jeudi 5 janvier 2017 étaient annoncés à la Maison de l’architecture en Ile-de-France les lauréats du 5e trophée béton école. Si les propositions étaient diverses, allant de la petite à la très grande échelle, en France et à l’étranger, imaginées seul ou en équipe, Claire Barbou, de l’organisation Trophée Béton, remarquait pourtant, au nom du jury*, la grande «qualité technique» des projets. Communiqué.
1er prix – Giula Mazza
«Un littoral : le béton entre le sable et la mer» – Moneglia (Italie)
ENSA Paris Belleville, sous la direction de Pierre-Louis Faloci
Giula Mazza s’appuie sur le béton de sable modelé pour créer des équipements de loisirs à Moneglia, dans le golfe de Gênes, en Italie. La maison des pêcheurs, les piscines d’eau salée et le forum nautique qui composent cette nouvelle promenade littorale linéaire, redessinent le paysage et rétablissent le lien entre le bourg et le territoire.
Le sable devient l’élément fédérateur en alliant également la mer et la roche. Pour unir la matrice, l’architecte s’appuie ici sur la technique du ‘sand-casting’, réalisée à marée descendante, ce qui permet de couler du ciment dans du sable modelé en négatif. Le sable, dessalé pour assurer sa résistance, et la couche superficielle, nettoyée après coulée, révèlent le relief définitif.
2ème Prix – Lucas Huvet (architecte) et Bastien Beth (ingénieur)
«Une maison dans les Landes»
ENSA Versailles / École d’ingénieurs de Sceaux, sous la direction de Cédric Libert
Le projet d’habitat conçu par l’architecte Lucas Huvet et l’ingénieur Bastien Beth, propose un prototype conçu en béton d’aiguilles de pins, matériau local et artisanal développé par le maçon Didier Cusseau à partir d’une ressource naturelle.
En symbiose avec la pinède environnante, la structure du projet est formée de neuf portiques coulés en place, sur huit mètres de haut et douze de long. Ce projet réinvente l’architecture séculaire avec un nouveau type d’habitat tout en respectant son environnement.
La formulation de ce béton autoplaçant facilite le remplissage des coffrages de formes longues et complexes et permet de dissocier la structure et les murs. Ce matériau dispose également de qualités thermiques et acoustiques : dans les chambres, la performance phonique est de 33 décibels sur un plancher de 15 centimètres.
3ème Prix – Damien Girard
«Habiter la frange ferroviaire» – Feyzin (Rhône)
ENSA Lyon, sous la direction de Marc Bigarnet
Le projet urbain en lanières de Damien Girard s’insère le long des voies ferrées aux abords de la ville de Feyzin (Rhône-Alpes). Une passerelle et des blocs d’habitations composent ce projet, lequel est complété par de longs murs de béton sculptés.
Pour donner un second souffle à ce territoire, une structure massive et fédératrice en béton, formée d’une succession de lames délimite les espaces et les accès. Un espace de promenade est encadré, le long de la voie, par un mur antibruit qui offre un accès aux blocs d’habitations. Ancrés dans l’ossature des fondations du mur, des espaces annexes sont également accessibles aux habitants. La seconde structure repose sur l’ossature légère de l’habitat. Le béton cyclopéen utilisé pour la construction du mur antibruit se compose de débris de démolition et de lames habitables en «Cématerre», matériau issu d’une filière locale de réemploi.
4ème Prix – Dany Saouli
«La réhabilitation du Beyrouth City center : de la ruine de guerre à la cinémathèque» – Beyrouth (Liban)
INSA Strasbourg, sous la direction de Louis Piccon
En créant une cinémathèque nationale sur les décombres d’un complexe commercial moderne, à Beyrouth, Dany Saouli mise sur le béton pour raviver l’esprit des lieux et renforcer l’identité culturelle.
En cohérence avec l’ancien complexe, œuvre de l’architecte moderniste Joseph-Philippe Karam, qui prévoyait des tours de bureaux, Dany Saouli intègre une tour mixte. Le béton, sous toutes ses formes, se révèle être l’élément fédérateur du projet, des fondations aux façades, en passant par les escaliers ou la fosse. Les propriétés environnementales du matériau sont également mises en valeur : des fondations thermoactives valorisent l’inertie thermique de l’ouvrage enterré.
* Le jury s’était donné rendez-vous le 5 janvier pour délibérer. A sa tête, Bruno Mengoli, le directeur de l’école d’architecture de Paris – La Villette, accompagné d’Hélène Fernandez, sous-directrice de l’architecture, de la qualité de la construction et du cadre de vie du ministère de la Culture et de la communication, de Dominique Boré, présidente des lieux, de Gilles Davoine, rédacteur en chef d’AMC, de Paul Chemetov, ainsi que de Philippe Prost. José Ignacio Linazasoro Rodriguez, architecte comme Aurélie Barbey et Cécile Graindorge étaient également de la partie, accompagnés de Frédéric Scholler et Anémone Degand, 1er prix de la 4ème édition du Trophée béton. Claire Lebert, directrice de projet Paris-Saclay, l’ingénieur Philippe Clement ont également pris part aux délibérations.