Une longue étape sans difficulté particulière. Trop longue pour que les équipes de sprinters, qui ont déjà beaucoup donné la veille, puissent contrôler l’étape. Les cadors de la montagne, pour leur part, vont vouloir en garder sous la pédale avec les Pyrénées qui se profilent. Bref, l’opportunité idéale pour les baroudeurs à grosses cuisses de se faire un nom à l’issue d’une échappée au long cours.
Une étape convenue donc, dite de transition, qui va laisser largement le temps aux suiveurs, surtout s‘ils partent tôt avant le peloton, de passer une bonne partie de la journée à Montpellier ou à la plage.
A Montpellier les férus d’architecture contemporaine ont l’embarras du choix. Après le musée de la Romanité de madame découvert la veille, peut-être commencer par aller faire un tour aux Jardins de La Lironde, quartier imaginé par Christian de Portzamparc en 1991 et livré en 2012.
« L’hybridation nature-urbanité est une question clé. Comment créer dans la périphérie de la ville des qualités d’habitat que le centre n’offre pas ? Plutôt qu’un projet de lotissement occupant tout le territoire, celui-ci conserve les vignes, les fermes et les oliviers et crée des « îles » bâties de quatre à cinq niveaux sur des socles de parking qui permettent une libération du sol, transformé soit en jardin de copropriété, soit en jardin public, soit appartenant à chaque île », expliquait-t-il à l’époque.
La plupart des îles ont deux ou trois promoteurs et architectes de la région mais les logements à double orientation ont tous des vues rapprochées sur la cour-terrasse ainsi que des vues amples et lumineuses sur le panorama d’ensemble. Le quartier à dix ans, aux suiveurs de raconter leurs sensations.
Pour le coup, puisqu’ils ne sont pas loin, il leur faut aller voir L’Arbre blanc, la tour de Sou Fujimoto livrée en 2019.
Trois agences d’architecture (Manal Rachdi, Nicolas Laisné, et Sou Fujimoto) ont imaginé un bâtiment inspiré d’un arbre, hérissé de balcons et d’ombrières qui rythment et protègent sa façade. « L’abondance de balcons et de pergolas autorise un véritable vivre-dehors et engendre un nouveau type de rapports entre les habitants. Chaque appartement est doté d’une surface extérieure d’au moins 7 m² (35 m² pour la plus vaste), avec plusieurs niveaux d’intimité et options d’aménagement et, en configuration duplex, la possibilité de circuler d’un balcon à un autre », expliquent-ils.
« Il s’agit d’une architecture qui repousse les frontières de l’innovation en intégrant les nouveaux usages sociaux et les problématiques environnementales. Il ne faut pas avoir peur d’inverser les schémas d’organisation, de concevoir les immeubles comme des maisons connectées, d’accompagner les nouveaux usages », indique Nicolas Laisné. « L’art de vivre à Montpellier a guidé ce projet qui transmet une nouvelle vision de l’habitat, plus harmonieuse, optimiste », conclut Sou Fujimoto. Art de vivre ? Se poser la question s’il s’agit, ou non, d’une folie est une idée.
Pour le coup, en profiter pour comparer avec Folie Divine, de l’architecte anglaise d’origine iranienne Farshid Moussavi (FMA), autre folie livrée à l’automne 2017, avant d’ailleurs la folie de Fujimoto. La proposition de Farshid Moussavi pour Folie Divine se fonde sur l’idée que la Ville de Montpellier, en empruntant ce terme de Folie comme point de départ à la consultation, souhaitait que son caractère ludique soit utilisé comme outil critique susceptible de susciter une réflexion sur de nouvelles formes de logement.
De fait, pour permettre aux habitants de vivre entre intérieur et extérieur, tous les appartements sont conçus avec des balcons curvilignes qui s’effilent à chaque extrémité évitant ainsi les murs de séparation de balcons entre voisins qui le plus souvent obstruent les vues latérales. Et pour éviter aussi toute vue croisée d’un balcon à l’autre, ils sont stratégiquement positionnés pour que chaque balcon bénéficie d’une vue à 180 degrés sans regard latéral sur son voisin.
A propos d’innovation architecturale, aller découvrir ensuite l’immeuble de bureaux Néos livré par Loci Anima (Françoise Raynaud) en mai 2019. Sa peau bioclimatique est une carapace légère et vibratile, à la fois protection solaire et protection au vent des terrasses. Elle constitue un nouveau repère urbain et participe au skyline de l’entrée de ville de Montpellier.
L’occasion à ce moment-là de faire une pause et se rafraîchir au bar-restaurant du Centre d’art contemporain issu de la transformation de l’Hôtel Montcalm de Montpellier réalisée par PCA Stream (Philippe Chiambaretta) et livrée en juin 2019. Après la visite, rapide forcément, des espaces d’exposition modulables, passer par la boutique pour acheter des grisettes (sans oublier famille et amis restés à Paris) et déguster dans le jardin d’acclimatation contemporain attenant ces bonbons au miel et à la réglisse dont l’origine remonte au Moyen-Âge.
Impossible de citer tous les bâtiments et architectes de Montpellier, ce d’autant plus que cette étape du Tour tombe à merveille pour les suiveurs sensibles à l’architecture contemporaine puisque la grande boucle passe au moment même où se tient le Festival des Architectures Vives – du 6 au 10 juillet – qui, depuis dix ans propose des interventions contemporaines dans les cours des hôtels particuliers de Montpellier habituellement fermés au public.
Le Festival a pour objet la sensibilisation du grand public au large domaine de l’architecture. Il s’attache non seulement à mettre en avant le travail d’une jeune génération d’architectes, paysagistes, urbanistes mais aussi à faire découvrir des territoires urbains méconnus.
Les cours de ces hôtels particuliers ne sont pas trop éloignées les unes des autres et en visiter quelques-unes et découvrir les œuvres de jeunes architectes offre aux suiveurs une très agréable promenade totalement inattendue au cœur de la ville. En profiter pour racheter des grisettes avant de rejoindre Carcassonne.
Cela écrit, les suiveurs qui sont partis depuis deux semaines déjà peuvent s’offrir au fil de cette longue étape une pause ‘vacances’. Il leur suffit de prendre de l’avance sur le peloton, de faire un détour par le Cap d’Agde, de profiter de la plage, puis d’ aller boire un verre et tenter leur chance au nouveau casino et centre de Congrès livrés au printemps 201 par l’agence montpelliéraine A+Architecture.
Ce Palais des Congrès est la nouvelle vitrine de la station. Relié au casino par un jeu de passerelles circulaires, l’ensemble offre une inédite place piétonne en trois dimensions qui permet aussi de relier en douceur la jeune station balnéaire à Agde, sa ville historique située à quelques kilomètres dans les terres.
La résille est qualifiée de « plus grande œuvre d’art au monde ». Pourquoi pas… En tout cas, autour de l’éphèbe, trésor de la ville d’Agde, dessinés par l’artiste Hervé di Rosa, chercher sur la façade les anémones, murènes, sardines, méduses, étoiles de mer, palourdes, loups, poulpes, calamars, saint-pierre, crabes, sars, mulets, rougets, castagnoles et autres merlus qui peuplent cette façade vivante. Et qui peuplent la mer.
Justement, c’est l’heure d’aller dîner.
Christophe Leray (dans la caravane)
Pour les suiveurs, retrouver :
– Toutes les étapes du Tour de France contemporain 2021.
– Le Tour de France contemporain 2020 : Le départ ; La suite ; La suite de la suite ; L’arrivée.
– Le Tour de France contemporain 2019 : 1ère semaine ; 2ème semaine ; 3ème semaine.
– Le Tour de France contemporain 2018