L’agence Anne Démians a gagné en 2014 avec Pierre-Antoine Gatier (ACHM) la restructuration de l’ESPCI Paris -PSL, à Paris (Ve). Le projet contemporain doit assurer l’attractivité de l’école de chimie, conservée en cœur de ville. L’achèvement de cet ambitieux chantier (34 000 m²) est prévu pour 2026. Communiqué.
La conception et les travaux d’envergure engagés par Anne Démians sont l’occasion d’articuler, sur son site originel, l’avenir de l’Enseignement supérieur scientifique et de la Recherche avec une réalisation hybride et dynamique, au bénéfice des expérimentations et de l’intuition scientifique.
La restructuration de l’ESPCI, lancé par la Ville de Paris, vise à tisser de nouveaux partenariats académiques et industriels, permettant de mettre en commun les ressources nécessaires pour relever les défis de demain. L’enjeu était d’augmenter la surface de l’école pour lui donner des espaces à la hauteur de son prestige à l’international, de rendre ses locaux évolutifs et adaptables et libérer des bâtiments pour une valorisation future.
Pour Anne Démians, « le projet de l’ESPCI cherche à se fondre dans les tracés et les gabarits voisins, en prolongeant les existants vers l’intérieur de l’îlot, dans un mouvement continu qui poursuit celui qui fut amorcé dans les années 1930. C’est l’assemblage de mémoires vives (façades de briques) et de réponses fonctionnelles de la forme retenue pour le projet. En tout état de cause, ce sera une architecture hybride qui assurera le passage entre un patrimoine et une modernité, une transition habile entre un plan de masse intégré dans le quartier et une expression forte de son architecture ».
Il fallait rattacher au nouveau plan masse tout ce qui avait contribué à l’histoire d’un immeuble marqué par ses singularités. C’est ainsi que l’architecte a pris la décision risquée de proposer de démolir les adjonctions entamées dans les années 70, jusqu’à celles, plus difficiles à enlever, des années 2000.
« En affirmant que l’architecture d’aujourd’hui est, en substance, le patrimoine de demain, mais à la condition qu’elle se radicalise sur son authenticité, j’aurais au moins essayé, avec cette réalisation de transformation et d’extension d’ouvrages existants, de confondre origine et destination, sans que cela relève d’une démarche stylistique et générique » témoigne-t-elle.
Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des Monuments historiques, académicien, ajoute « Soucieuse de son rayonnement, l’ESPCI et ses architectes ont composé une architecture parlante mobilisant tous les arts du décor du 20e siècle. Le nouveau projet se compose autour de cette façade historique, mise en scène pour devenir l’entrée de la nouvelle ESPCI. Créer une nouvelle école en faisant mémoire de son histoire et de ses façades remarquables ».
La connexion des immeubles constituant l’ESPCI, se faisant à l’articulation géographique des espaces d’entrée, ferment le tracé sur lui-même. Conduit d’abord pour regrouper les laboratoires dans un dispositif de proximité et, par voie de conséquence de convivialité, des espaces extérieurs, mais intérieurs à l’îlot, sont libérés en quantité suffisante pour y créer un vrai jardin de 4 100 m² d’espace vert protégé.
La pérennité d’un bâtiment est liée à la double faculté qu’il a de conserver ses caractéristiques dans le temps, de supporter des évolutions et d’éviter les perturbations liées à l’organisme qu’il abrite. Dans une école d’ingénieurs largement tournée vers la recherche, cet objectif est d’autant plus essentiel que les usagers sont très attentifs à l’efficience de leurs locaux en fonction de l’évolution de leurs thématiques de recherche.